Sam Altman, le patron de ChatGPT, a dépensé une fortune - 6,5 milliards de dollars-, pour avaler l'équipe de 55 personnes de Jony Ive, le designer star de l'époque Steve Jobs chez Apple. Explications.
Jony Ive, légende du design et créateur de l'iPhone, s'associe à Sam Altman et OpenAI pour concevoir une nouvelle génération d'appareils intégrant l'intelligence artificielle.
Jony Ive, légende du design et créateur de l'iPhone, s'associe à Sam Altman et OpenAI pour concevoir une nouvelle génération d'appareils intégrant l'intelligence artificielle. (OpenAI)
Publié le 22 mai 2025 à 17:42Mis à jour le 23 mai 2025 à 09:10
Petit calcul rapide de coin de table : OpenAI rachète le studio de Jony Ive pour l'équivalent de 6,5 milliards de dollars en actions. IO, l'entreprise lancée l'an dernier en catimini par la star du design et OpenAI, compte aujourd'hui 55 salariés. Résultat : Sam Altman a accepté de dépenser l'équivalent de 116 millions de dollars par personne, en comptant son principal architecte.
Mais qui sont ces experts qui ont fait chavirer le gourou américain de l'IA ? Jony Ive est juste une légende dans son secteur. C'est lui qui a « inventé » l'iPhone chez Apple. Mais aussi l'iMac, l'iPod, l'iPad ou l'Apple Watch. Il avait une relation fusionnelle avec Steve Jobs, qui l'avait vite repéré dans les rangs à Cupertino. A son départ d'Apple, en 2019, l'action a perdu près de 2 %.
Privilégiant le minimalisme, l'épure et l'ergonomie, perfectionniste jusqu'à la déraison, timide la plupart du temps, le designer britannique arrivé à 25 ans chez Apple explique se sentir « à la fois artiste, designer, ingénieur, constructeur et artisan ».
Alors quand, à 52 ans, il quitte la maison pour voler de ses propres ailes, par lassitude, il monte un studio qui lui ressemble. Sur le site internet de LoveFrom, on peut lire qu'il s'agit d'un « collectif créatif » composé d'architectes, d'ingénieurs, de musiciens, d'artistes, de cinéastes, de graphistes, de motion designers, d'ingénieurs du son, d'experts de l'ergonomie et de l'industrie, et d'auteurs.
L'affaire, établie en Californie avec Marc Newson, une autre pointure XXL du design, australienne cette fois, qu'Ive avait recrutée chez Apple, fait rapidement des étincelles. Les Agnelli avec Ferrari, Brian Chesky avec Airbnb ou encore Moncler succombent et deviennent rapidement clients.
La fusion avec OpenAI
Personne ne le sait mais OpenAI le devient également en 2023, en toute discrétion. Fasciné par ChatPGT, le fils de 21 ans de Jony Ive lui parle d'OpenAI, et le paternel contacte Sam Altman. Les deux hommes accrochent, jusqu'à réfléchir ensemble à des appareils « IA natifs ».
La réflexion donne naissance au printemps de l'an dernier à une start-up, IO, dont OpenAI prend 23 % du capital. Avant de tout avaler avec l'opération du jour.
Installée à San Francisco, la jeune pousse emploie 55 personnes, présentées comme des designers, des ingénieurs hardware, des développeurs et des chercheurs. Plusieurs membres de l'équipe viennent d'Apple - dont Scott Cannon, qui fut le boss du système d'exploitation iOS, Evans Hankey, la femme qui a remplacé Jony Ive, ou Tang Tan, le designer des derniers iPhone. Nombreux sont ceux qui « travaillent ensemble depuis des décennies ».
« Nous avons réuni les meilleurs ingénieurs produits et logiciels, des physiciens, des scientifiques, des chercheurs et des experts dans le développement de produits et le manufacturing », écrivent Jony Ive et Sam Altman dans un post de blog.
Le duo affiche des ambitions interstellaires. Aidés par les designers de LoveFrom, qui reste indépendant, les deux associés veulent rivaliser avec Meta et Google dans la mise au point d'une nouvelle génération d'appareils, dont plusieurs prototypes dotés de capteurs et de caméras auraient déjà été mis sur la table.
« Le truc le plus cool que j'ai jamais vu »
« Les appareils que nous utilisons aujourd'hui sont vieux de plusieurs décennies, et c'est simplement du bon sens que de penser qu'on peut aller aujourd'hui plus loin que ces produits historiques », affirment les deux hommes.
Car Jony Ive avoue au « New York Times » ressentir « une bonne part de la responsabilité » de la « charge mentale numérique » qui pèse sur nous tous, avec l'anxiété et les distractions que peut provoquer la présence d'un smartphone dans sa poche. Comme Sam Altman, il espère que l'IA aidera les gens « à trouver le sens dans le bruit ambiant ».
« Notre premier produit sera une chose de totalement nouvelle, promet le père de ChatGPT. C'est le truc technologique le plus cool que j'ai jamais vu. »
Julien Dupont-Calbo