Handicap et inclusion : pourquoi des villas ont-elles été construites à Saint-Cernin ?

« Nous avons travaillé le projet avec les personnes accompagnées, et l’idée de la création de quatre villas sur site pour préserver la vie intime a été privilégiée. » © Jérémie FULLERINGER
L’association départementale de sauvegarde de l’enfant à l’adulte du Cantal vient d’achever un chantier colossal sur son site d’Anjoigny, à Saint-Cernin, où est hebergée une trentaine de personnes porteuses de handicap qui travaillent au sein de l’Esat (établissement et service d’aide par le travail). « L’hébergement était entretenu, mais vétuste », note Bruno Lacoste, directeur de l’ADSEA Cantal.
« Il n’était plus aux normes, et ne correspondait pas à ce qu’on attend d’un hébergement aujourd’hui », ajoute Marie-France Forses, directrice du complexe d’activités d’Anjoigny. À l’époque, la surveillance impliquait du collectif, par exemple. « Nous avons travaillé le projet avec les personnes accompagnées et l’idée de la création de quatre villas sur site pour préserver la vie intime a été privilégiée. »
L'inclusion comme fil conducteur
C’était il y a trois ans. 2,5 millions d’euros plus tard, c’est un complexe harmonisé, flambant neuf et mis aux normes qui accueille aujourd’hui ces 28 travailleurs. « Le fil conducteur reste l’inclusion, la normalité. Grâce au fait qu’ils travaillent, puis qu’ils rentrent chez eux, ils sont reconnus comme des citoyens lambda », ajoute Jean-Jacques Astings, président de l’ADSEA.
Chaque pavillon est composé de sept chambres, d’une cuisine commune et à l’étage, d’une mezzanine. « Nous avons plusieurs parcours d’habitat », précise Bruno Lacoste. En plus de ces villas, quinze studios dans le bourg de Saint-Cernin (partenaire de l’ADSEA) permettent à d’autres personnes de vivre en semi-autonomie, et enfin, certains travaillent à l’Esat tout en ayant leur domicile privé.
Un surveillant de nuit garde un œil sur cinq villas depuis le bureau dans l’une d’elles. « Cela permet de ne pas être sous l’œil constant du professionnel », indique Bruno Lacoste. En plus de ces quatre hébergements sortis de terre, l’ADSEA a réhabilité une cinquième maison, existante sur le site : la villa Thourou. Quatre résidents y sont hébergés.
Une restauration en profondeur
L’autre axe d’amélioration, d’un budget de 1,450 million d’euros, porte sur les conditions de travail des personnes en situation de handicap. « La cuisine-réfectoire a été agrandie, un vestiaire de cuisine a été créé, ainsi qu’à l’atelier lingerie qui a aussi été doté d’une climatisation, détaille Marie-France Forses. Côté sous-traitance, les installations ont été rénovées, et tous les bâtiments ont été harmonisés » grâce à un bardage bois. Ce dernier complète l’amélioration de l’enveloppe thermique.
L’Esat, caractérisé par sa vocation historique agricole, n’a pas achevé sa restauration. « La deuxième tranche, qui n’en est qu’aux prémices, portera sur la ferme. » Pas encore budgétisé, ce projet concernera la partie lait et transformation. La ferme compte quarante mères allaitantes salers et quarante montbéliardes laitières.
« Il existe peu d’Esat agricoles en France, beaucoup sont consacrés aux espaces verts, à la blanchisserie, activités qui se sont développées ici avec la sous-traitance dans un deuxième temps, et qui connaissent une forte demande », observe Bruno Lacoste.
“Ici, les personnes accompagnées ont une forte valeur du travail, ils sont très attachés à la qualité du travail et aux exigences du client. Quand la demande est plus forte, de petites équipes sont constituées sur la base du volontariat, et il n’y a aucun problème pour les combler.”
Bruno Lacoste (Directeur de l'ADSEA)
L’ADSEA s’inscrit comme un acteur départemental. À travers son pôle de protection de l’enfance, elle a obtenu, avec d’autres partenaires associatifs, l’appel à projet « action éducative en milieu ouvert intensive avec hébergement » lancé par le conseil départemental.
La mise en œuvre est prévue en septembre 2025, avec treize postes créés. Sur le dispositif intégré thérapeutique éducatif et pédagogique (Ditep), en septembre 2024, l’ADSEA a déménagé son site de Polminhac à Aurillac, rue de Limagne.
Les autres investissements dans le Cantal
Début 2024, elle a acquis un ancien hôtel du centre-villeplugin-autotooltip__blue plugin-autotooltip_bigWikikPedia

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de Mauriac pour restructurer l’hébergement de l’IME (institut médico-éducatif) de Mauriac. « Le site historique ne répondait plus aux besoins d’aujourd’hui, commente Bruno Lacoste, directeur de l’ADSEA Cantal. Nous avons priorisé la restauration complète pour les enfants, et acquis cet hôtel qui ne nécessitait aucuns travaux de mise aux normes avec douze chambres. »
Un nouveau terrain avenue Charles-de-Gaulle
Ouvert au premier trimestre 2025, cet hébergement permet de développer des passerelles et l’inclusion. L’année 2025 sera aussi marquée par l’acquisition d’un terrain avenue Charles-de-Gaulle à Aurillac pour y construire de nouveaux locaux pour le CMPP, service de l’ADSEA, qui a déjà une antenne à Saint-Flour et à Mauriac, et du Sessad (service d’éducation spéciale et de soins à domicile), qui a un agrément pour soixante places.
« Ce développement est rendu possible par la présence au sein du conseil d’administration d’administrateurs ayant des compétences spécialisées : un ingénieur, un agriculteur, un avocat, un juge, un directeur éducatif… Tout cela permet que, lorsqu’on parle de choses, on est face à quelqu’un qui s’y connaît », a souligné le président.
Combien pèse l'ADSEA dans le Cantal ?
Près de 345 professionnels travaillent pour l’ADSEA, qui compte soixante travailleurs en situation de handicap. Au total, ce sont 1.565 personnes qui sont accompagnées. Ils sont 723 via le volet de la protection de l’enfance (déléguée par le Conseil départemental à l’ADSEA). Ils sont 630 jeunes à être suivis par le pôle médico-social enfants et 212 par le pôle adultes. En termes économiques, la construction du nouveau bâtiment du Ditep du Cantal, situé dans le quartier de Limagne à Aurillac, ouvert en septembre 2024 en remplacement du site de Polminhac a mobilisé un budget de 4.250 000 euros.
L’achat d’un nouvel appartement pour le centre d’action en milieu ouvert, impasse du Pont Bourbon à Aurillac, ainsi que les travaux (au premier étage, dans le même immeuble que les locaux déjà occupés par le Pôle protection de l’enfance au rez-de-chaussée) ont coûté 330.000 euros. La rénovation de la partie hébergement de l’institut médico-éducatif à Crouzit-Haut, à Mauriac a nécessité 2,3 millions d’euros de budget, qui couvre le chantier en cours, préparé en 2024 et lancé en mars 2025. La création de la passerelle, en centre-villeplugin-autotooltip__blue plugin-autotooltip_bigWikikPedia

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de Mauriac (qui correspond à l’achat de l’ancien hôtel en mai 2024 et des travaux), s’est élevée 530.000 euros.
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