Depuis une décision datant de 2002, l’Allemagne est progressivement sortie du nucléaire en fermant ses réacteurs. Sur le plan international, nos voisins adoptaient également une position d’opposant farouche à ce type d’énergie. Mais, sous la houlette du nouveau chancelier de centre droit, Friedrich Merz, le gouvernement de Berlin vient d’opérer un changement de cap important.
Le Financial Times rapporte en effet que les autorités allemandes ont indiqué à la France qu’elles ne s’opposeraient plus à ses efforts de traiter le nucléaire sur un pied d’égalité avec les énergies renouvelables dans une nouvelle législation européenne actuellement en cours d’élaboration.
Cité par le quotidien britannique, un diplomate français souligne : « Les Allemands nous disent : nous serons très pragmatiques sur la question du nucléaire ». En clair : « Tous les préjugés contre le nucléaire, qui subsistent encore çà et là dans la législation européenne, seront supprimés ».
Les partisans du nucléaire sortent du bois
Reste une question de taille : pourquoi un changement de position aussi tranché en si peu de temps ? D’après nos confrères, cette évolution intervient alors que Friedrich Merz essaie de se rapprocher de la France pour bénéficier de son « bouclier nucléaire » dans le cas d’une éventuelle agression de la Russie. Un responsable allemand souligne à cet égard : « Nous sommes enfin ouverts à discuter avec la France de la dissuasion nucléaire en Europe. Mieux vaut tard que jamais ».
Ce bouleversement majeur a de quoi réjouir les pays de l’UE qui sont encore dotés de réacteurs nucléaires. Dans un courrier adressé à la Commission ce vendredi, les ministres des nations concernées estiment impératif de reconnaître la « complémentarité des énergies nucléaire et renouvelable ».
Ils appellent également de leurs vœux à une mise à jour de l’enquête existante sur le secteur nucléaire de l’Union afin de permettre aux gouvernements d’accorder des aides d’État aux projets nucléaires et d’envoyer un « signal clair » aux entreprises et aux investisseurs sur les avantages de l’énergie nucléaire.
Signalons enfin que ce rapprochement entre les deux pays voisins réjouit les partisans de la construction européenne. C’est le cas de Lars-Hendrik Röller, professeur à l’ESMT, école de commerce berlinoise, et ancien conseiller économique en chef de l’ancienne chancelière Angela Merkel, qui commente : « Lorsque la France et l’Allemagne s’entendent, il est beaucoup plus facile pour l’Europe d’avancer. Bien que plusieurs défis subsistent, je suis convaincu que ce problème sera résolu. »
Ce qu’il faut retenir :
L’Allemagne vient d’opérer un changement de cap spectaculaire sur le nucléaire
Le gouvernement ne s’opposera plus aux efforts de la France en vue de traiter cette source d’énergie sur un pied d’égalité avec les énergies renouvelables dans une nouvelle législation européenne
L’idée est de bénéficier de la dissuasion nucléaire française à l’avenir
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