On mesure bien la qualité de l'eau, de l'air. Pourquoi pas celle des sols ? C'est en partant de ce constat que la jeune entreprise Genesis, fondée il y a cinq ans, publie aujourd'hui un premier baromètre de la qualité des sols forestiers et agricoles en France. Les indicateurs étudiés sont les suivants : présence de biodiversité dans le sol, de nutriments, capacité à retenir l'eau ou encore à stocker le carbone.
Le baromètre s'appuie sur un relevé de mesures qui combine à la fois les données publiques du Réseau de mesure de la qualité des sols, un groupement d'intérêt scientifique qui établit des cartes de la santé des sols, et les données propres de Genesis à partir des 12.000 analyses de sols (sur les 30 premiers centimètres de surface) réalisées par l'entreprise (5.500 couvrent l'ensemble des paramètres et les 6.500 autres sur le paramètre carbone uniquement).
Des pratiques agricoles inadaptées
Résultat ? Seule la moitié des sols - 48 % précisément, soit 17 millions d'hectares sur les 35 millions d'hectares de terres cultivées et de forêts - sont considérés comme en bon état et résilients, et 35 % en état de dégradation modérée. Plus préoccupant, 15 % sont en état de dégradation avancée et 2 % en état critique. Ce qui signifie, pour ces deux dernières catégories, que les fonctions essentielles du sol ne sont plus assurées et qu' « il est urgent de changer la façon dont ils sont exploités », souligne Genesis.
Il n'y a pas de fatalité et il n'y a pas de sol mort.
Quentin Sannié, cofondateur de Genesis
Des pratiques inadaptées - labour profond, utilisation de pesticides, monoculture - peuvent en effet accentuer certains risques, comme l'érosion et les glissements de terrain, mais aussi l'acidification du sol, la salinisation ou la perte de carbone.
« Mais il n'y a pas de fatalité et il n'y a pas de sol mort, rassure Quentin Sannié, cofondateur de l'entreprise. « Il peut y avoir des écarts importants au sein d'une même culture. Et sur une même exploitation, on peut avoir des sols en très bonne santé et d'autres très altérés », poursuit-il.
Cette moyenne cache en effet des écarts suivant les types de sols et les pratiques agricoles. Deux tiers des sols forestiers et des prairies sont par exemple diagnostiqués comme résilients - bien que l'état des forêts françaises se soit nettement dégradé ces dernières années sous l'effet du changement climatique et des sécheresses - alors qu'un quart seulement des terres arables sont en bonne santé, selon le baromètre de Genesis, ce qui met en péril les rendements agricoles.
La situation est particulièrement préoccupante pour les sols viticoles, dont moins de 10 % sont dans un état sain. La Bourgogne notamment affiche des scores qualifiés d'« alarmants » par le baromètre.
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« En trois ans, avec des pratiques agricoles différentes, on peut déjà constater des résultats positifs », témoigne Quentin Sannié. Grâce à la rotation des cultures, aux couverts végétaux permanents et à la fertilisation à la fois minérale et organique, la qualité des sols peut en effet être améliorée.
Parfois, le changement est plus radical, comme dans cette exploitation accompagnée par Genesis qui est passée du maïs en quasi-monoculture à celle des amandiers en bio en Haute-Garonne. « Si on veut agir, il faut mesurer. Et cette évaluation devrait être généralisée », plaide Quentin Sannié.
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