"Ce sont des gens qui n'y connaissent rien qui ont fait cette loi". Les propriétaires de gîtes et de chambres d'hôtes en colère

Une récente réforme gouvernementale, parfois intitulée loi anti-Airbnb modifie les avantages fiscaux des loueurs de meublés à la semaine, mais aussi des propriétaires de chambres d'hôtes ou de gîtes. Ces derniers sont d'autant plus en colère qu'ils estiment ne pas faire le même métier que les loueurs Airbnb.

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Jusqu’ici, les propriétaires de gîtes ou de chambre d’hôtes bénéficiaient d’un abattement fiscal de 71 %, mais une réforme fiscale vient de baisser cette mesure à 50 % comme pour les loueurs de meublés à la semaine. Ces propriétaires qui accueillent les touristes chez eux sont d’autant plus en colère qu’ils estiment ne pas faire le même métier.
Une des mesures de cette réforme fiscale • © Maxime Monichon - France Télévisions
En Charente-Maritime comme ailleurs, les propriétaires de chambres d’hôtes et de gîtes ne comprennent pas pourquoi ils sont soumis aux à des restrictions fiscales dans le prolongement de ce qui a été décidé pour les loueurs de meublés du style Airbnb. Monique Potel est propriétaire de chambres d'hôtes.

Nous nous sommes retrouvés du jour au lendemain avec le même statut que des gens qui achètent des biens immobiliers et les font gérer par des boîtes à clefs alors que nous ne faisons pas du tout le même métier. Monique Potel
Propriétaire de chambres d'hôtes
Monique Potel ajoute : « La différence, c’est que nous, nous recevons les gens chez nous, on les accueille à notre table et je mets en valeur tous les produits locaux. Je suis en contact avec les producteurs de cognac, on invite éventuellement nos clients à visiter leurs exploitations ou bien les producteurs de yaourts que l’on sert au petit déjeuner. Je souhaite faire connaître l’esprit charentais qui est un peu particulier. »
Un gîte en Charente-Maritime • © Pierre Lahaye - Marc Millet - France Télévisions
Même colère pour Claudine Drillouet – Mathe, propriétaire d’un gîte de vacances : « On a eu l’impression d’être mis dans un seul bloc avec cette loi anti-Airbnb alors qu’elle ne nous concerne pas, nous, en tant que petits propriétaires. Nous avons beaucoup de frais pour obtenir les labellisations, pour l’accueil des personnes handicapées, pour les pêcheurs, pour les cyclotouristes. Ça nous oblige à engendrer des frais supplémentaires dans la maison et on doit payer pour obtenir ces labels. Soit, on augmente nos tarifs de location, soit nos revenus vont être diminués. Ça nous complique l’existence et on se demande si on continue ou pas. »
Reportage de Frédéric Cartaud avec Pierre Lahaye et Marc Millet

 
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Une récente réforme gouvernementale modifie les avantages fiscaux des loueurs de meublés à la semaine mais aussi des propriétaires de chambres d'hôtes ou de gîtes qui sont en colère. • ©France télévisions
Cette baisse de l’abattement fiscal de 71 % à 50 % entraîne un mouvement de contestation un peu partout en France, comme le constate Charles Lecointe, le directeur de la publication “Accueil Magazine” : « La chambre d’hôtes n’était pas concernée au départ. Elle est apparue dans le débat lors de la commission mixte paritaire qui a lieu à huis clos sans qu’on sache vraiment pourquoi et sans débat préalable. Cela implique une forte hausse des cotisations fiscales et de la CSG pour les propriétaires de gîtes et de chambre d’hôtes. Il y a aussi une injustice sur le régime microfiscal et sur la TVA avec une disposition de la loi de finances promulguée en février.

Jusque-là, un loueur pouvait échapper en dessous d’un certain seuil aux règles de la TVA pour des raisons de simplification et ce seuil vient de passer pour les chambres d’hôtes brutalement en cours d’année de 85 000 euros à 25 000 euros. Charles Lecointe
Directeur de la publication “Accueil Magazine”
Et Charles Lecointe complète : « Donc, cela signifie qu’au-delà de 25 000 euros de chiffre d’affaires, les loueurs vont être soumis à la TVA et vont devoir majorer leurs prix de 10 %, le montant de cette taxe. »
Les propriétaires doivent investir pour louer leurs biens • © Pierre Lahaye - Marc Millet - France Télévisions

Pour les zones tendues comme La Rochelle, ça s’entend, mais pour des zones rurales, ça s’entend moins. Stéphane Villain
Président d'ADN Tourisme et de Charentes Tourisme - Vice-Pdt du Conseil Départemental 17
Des élus comme Stéphane Villain dénonce aussi cette mesure prise sans aucune concertation : « C’est dommageable pour tout ce territoire. Certainement que pour les zones tendues comme La Rochelle, ça s’entend, mais pour des zones rurales, ça s’entend moins. Ça a été minimisé, ça aurait pu aller encore plus loin, on a réussi à « sauver » les 50 % d’abattement. »
La Charente-Maritime compte 32 730 hébergements de la chambre d'hôtes au gîte, en passant par les locations meublées à la semaine.
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