«Il faut en faire beaucoup plus», selon Attali L’essayiste estime que la France et l’Europe ont une carte à jouer dans la période actuelle. À condition de s’en donner les moyens.

Publié le 16 mars 2025 à 16h49, mis à jour le 16 mars 2025 à 17h10

L’essayiste estime que la France et l’Europe ont une carte à jouer dans la période actuelle. À condition de s’en donner les moyens.

Les défis qui attendent l’Europe sont immenses, mais ses atouts le sont tout autant. Interrogé lors du « Grand Jury RTL-Le Figaro-M6-Public Sénat » ce dimanche, Jacques Attali a invité les Européens à être à la hauteur de « l’accélération de l’histoire » qui se déroule actuellement. « Il y a un retrait américain de l’Europe qui s’accélère et c’est tant mieux », a assuré l’essayiste, pour qui cet événement peut potentiellement être « extrêmement positif ». À condition que les chefs d’États des Vingt-Sept prennent conscience de ce qu’il implique. Ce qui semble être le cas d’Emmanuel Macron. « Son discours (du 5 mars NDLR) a été à la hauteur », juge ainsi Jacques Attali. Le ton était le bon, à la fois « ni dans la résignation, ni dans la provocation ».
Car pour l’Europe, il s’agit de marcher sur la corde raide, avec d’un côté un président américain multipliant les droits de douane et les menaces de rétorsion. Et, de l’autre, le chef de l’État russe mettant toujours davantage en danger le front est. « Poutine n’a pas renoncé à mettre un gouvernement fantoche à la tête de l’Ukraine. Puis de menacer ensuite la Moldavie et la Roumanie », estime l’essayiste. Pour éviter ce scénario, c’est au Vieux Continent d’assurer la sécurité de Kiev, au travers d’une force de gardiens de la paix. Mais peut-il le faire ? « Le meilleur moyen de la savoir, c’est de le faire », a balayé Jacques Attali, qui a néanmoins appelé à un sursaut : « Nous avons moyens d’être la première puissance du monde », a-t-il assuré.
«L’argent ne manque pas»
Reste que les belles déclarations seules ne suffiront pas si la France et le reste du Vieux Continent ne se donnent pas les moyens de leurs ambitions. L’essayiste ajoute sa voix à ceux qui demandent « d’en faire beaucoup plus » dans le passage vers l’économie de guerre. Combien Paris doit-il consacrer à sa défense ? « Pour moi, c’est 4 % de son PIB », a-t-il détaillé.
Toutefois, l’invité de ce dimanche a fait entendre un son singulier en expliquant que « l’argent ne manquait pas » pour financer cet effort. Une position à rebours de la doxa pour qui il faudra choisir entre « les canons et les pensions », selon les mots du sociologue Julien Damon dans Le Figaro . Au contraire, « c’est le moment d’investir, pas de faire des économies », a assuré Jacques Attali. Le projet d’emprunt de 800 milliards d’euros présenté par Ursula von der Leyen va donc dans le bon sens, selon lui.

https://www.lefigaro.fr/politique/economie-de-guerre-il-faut-en-faire-beaucoup-plus-selon-attali-20250316