"Il y avait toujours des conflits" : cinq communes du Cantal défusionnent après huit années de tensions

Depuis le 1er janvier, la commune nouvelle de Neussargues-en-Pinatelle, née de la fusion de 5 communes du Cantal, n'existe plus. Face à l'impossibilité de s'entendre, chaque commune va retrouver son indépendance. Ce dimanche 16 février, les habitants sont appelés aux urnes, pour élire leurs conseils municipaux respectifs.

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Après huit années d’union, c’est un divorce qui fait l’unanimité. Après huit années d’union tumultueuse, la commune nouvelle de Neussargues-en-Pinatelle dans le Cantal, née de la fusion de cinq communes, a décidé de se séparer.« Je me réjouis que l’on revienne aux anciennes communes. Cela nous permet d’avoir plus d’autonomie. Je ne sais pas si financièrement, ce sera aussi avantageux », témoigne un habitant. « Au départ, on ne nous a rien demandé, confie un autre. Ça s’est fait comme ça. »
L’idée de la fusion était pourtant prometteuse. En 2016, les cinq communes – Neussargues-Moissac, Chalinargues, Celles, Sainte-Anastasie et Chavagnac – forment la commune nouvelle de Neussargues-en-Pinatelle, couvrant 92 km² et comptant 1 580 habitants, dans l’espoir de peser politiquement. « On n’a jamais vraiment accepté le nom de Neussargues-en-Pinatelle », analyse un riverain. « C’est un détail, mais pas dans le monde rural ». Une autre habitante précise : « Il y avait toujours des conflits avec la commune de Chalinargues. Ce sont des tensions récurrentes qui n’en finissent jamais ».
Les premières années de la commune nouvelle sont difficiles. La gouvernance peine à se mettre en place. Aux municipales de 2020, les sortants sont balayés. Michel Porteneuve, ingénieur revenu au pays, est élu maire. C’est son premier mandat, et il sera très compliqué. « Chaque fois que je faisais quelque chose pour une commune, il fallait prévoir ce que les autres allaient me demander en compensation, souligne l’élu. Il n’y avait pas d’esprit de groupe, c’était une guerre de clocher ».
L’atmosphère au sein des conseils municipaux devient de plus en plus tendue. Certains élus confient s’y rendre « la boule au ventre ». « J’ai dû prévenir la gendarmerie plusieurs fois pour qu’ils soient présents autour de la salle des fêtes, au cas où on aurait eu besoin d’eux, déplore le maire. On n’en était pas loin. On n’est pas élu pour vivre ça ».
Face à la tournure des événements, la Préfecture du Cantal lance un processus rare : la défusion. Bernard Delcros, sénateur et ancien maire de Chalinargues, explique : « Les habitants se sont exprimés à plus de 90 % en faveur de la défusion. Cette situation a conduit le préfet, dans un besoin d’apaisement, à prendre un arrêté de défusion. Ce processus, qui a duré environ deux ans, a permis de s’assurer que la défusion était la seule solution possible, compte tenu des circonstances. Ce n’est pas la première défusion, mais c’est assez rare qu’une commune nouvelle échoue en France ».
Depuis le 1er janvier, Neussargues-en-Pinatelle a disparu. À Chavagnac, la plus petite des cinq communes, les 92 habitants préfèrent être seuls que mal accompagnés. Daniel Berthéol conduira la seule liste (SE) pour les municipales de ce dimanche 16 février. « Il y aura des difficultés au niveau du budget, reconnaît-il, mais Neussargues-en-Pinatelle ne nous a pas apporté de gros investissements. Nous n’avons pas vu de différence avant et après la défusion ».
La dernière étape pour clore ces huit années de vie commune : les deux tours du scrutin municipal, les 16 et 23 février prochains.
Propos recueillis par Laetitia Theodore / France 3 Auvergne.
https://france3-regions.francetvinfo.fr/auvergne-rhone-alpes/cantal/il-y-avait-toujours-des-conflits-cinq-communes-du-cantal-defusionnent-apres-huit-annees-de-tensions-3108322.html