La ressourcerie prendrait lieu et place de Cantal loisirs, avant la fin de l'année. © Jérémie FULLERINGER
« L’objectif, c’est de répondre aux objectifs », plaisantaient deux conseillers d’Aurillac Agglo, croisés dans l’ascenseur, avant la tenue du conseil communautaire spécial budget, ce lundi 24 février.
Un des objectifs du Contrat d’objectif territorial (COT) est justement de promouvoir l’économie circulaire et d’accompagner les populations vers une diminution de leur production de déchets et une valorisation de ces sites. Ça, Aurillac Agglo - anciennement Caba - l’a bien compris, et intégré. Cependant, la loi d’orientation nationale de 2015 sur la gestion des déchets impose aux collectivités de réemployer 5 % des volumes des déchets qui arrivent en déchetterie. Là, ça grince !
« On n’y est pas du tout, nous sommes en incapacité de chiffrer les déchets réemployés parmi ceux qui arrivent à la déchetterie des Quatre-Chemins, de Naucelles », accuse Stéphane Fréchou, vice-président à la collectivité, en charge de l’environnement.
Intérêt géographique
Les services d’Aurillac Agglo se sont donc penchés sur le projet d’une ressourcerie/recyclerie : un lieu qui conjugue à la fois des zones de dépôt, de valorisation, de vente, et de sensibilisation à l’économie circulaire. Une enveloppe de deux millions d’euros a été votée et allouée, lundi, par le conseil communautaire d’Aurillac Agglo pour le lancement du projet qui devrait s’établir dans les anciens locaux de Cantal Loisirs, proche de la déchetterie existante des Quatres-Chemins.
Pourquoi là-bas ? D’abord parce que les retours d’expérience le démontrent : une recyclerie doit se situer au plus près géographiquement d’une déchetterie. Ensuite, parce que l’ancienne zone de Cantal Loisirs coche toutes les cases. « Le bâtiment propose 6.000 m² avec une grande zone de stockage, une zone de vente, une zone de circulation autour, pour faciliter le passage des camions et les bennes, notamment », poursuit l’élu. “Pile-poil” dans la surface minimale. Pourquoi pas du côté de la rue de l’Yser, à Aurillac, proche de l’autre déchetterie ?
« Nous n’avons pas l’intention de nuire à Emmaüs »
Stéphane Fréchou (vice-président en charge de l'environnement)
« La communauté d’Emmaüs joue déjà ce rôle là-bas. Nous n’avons pas du tout l’intention de nuire à Emmaüs, partenaire historique et essentiel à notre collectivité », confirme l’écologiste, Stéphane Fréchou.
Là-bas, aussi, parce que la collectivité a eu « l’opportunité » de se positionner pour préempter les anciens locaux de Cantal Loisirs. Ce qui a, par définition, accéléré ce projet-là. Et surtout a permis de « diviser le coup par deux », dans le cadre d’une future construction.
L’élu l’assure : « Nous avons travaillé avec les acteurs de l’économie sociale et solidaire du territoire, qui ont répondu présent, se sont manifestés par une lettre d’intention. Nous savons que nous aurons des candidats pour gérer cet espace de ressourcerie dès qu’il sera possible de le mettre en route ». Bref, la collectivité le confirme : « C’est une opportunité que nous ne pouvions pas laisser passer, c’est un lieu de vie important pour les populations d’un territoire ».
À noter que ce lieu - qui remplira aussi le rôle de sensibilisation au tri des déchets - devrait permettre de donner du travail à sept personnes supplémentaires dans le cadre de l’économie sociale. Toujours sur le volet économique, les avantages sont « certains ». « Pour donner un ordre d’idées, la recyclerie de Cusset (Allier) génère un chiffre d’affaires de 500.000 euros par an pour des volumes de 500 tonnes récoltées, pour 300 revendues, détaille Stéphane Fréchou. Sur les Quatre-Chemins, on récolte aujourd’hui 300 tonnes. Si on arrive à en revendre 200, l’investissement s’équilibrera assez rapidement. »
Un investissement rentable
« Rapidement », comme le lancement du projet, « avant 2026 ». Le temps de « tout formaliser avec les acteurs de l’économie sociale et solidaire ». Une entreprise, au moins, se serait déjà positionnée et devrait être rapidement accompagnée par les services de l’Agglomération. «
C’est dommage qu’on ne se soit pas servi des terrains constructibles à côté de la déchetterie », reprend élue de l’opposition à la mairie d’Aurillac, Sylvie Lachaize. Stéphane Fréchou appuie : « Une telle construction, sur les terrains qui nous appartiennent, aurait coûté quelque quatre millions d’euros. D’autant plus que nous n’aurions pas eu la surface nécessaire ».
« Une telle construction, sur les terrains qui nous appartiennent, aurait coûté quelque quatre millions d’euros. D’autant plus que nous n’aurions pas eu la surface nécessaire »
Stéphane Fréchou, vice-président en charge de l'environnement
Un scénario qui aurait forcé la collectivité à repasser par le plan local d’urbanisme (PLUi) pour rendre constructible une partie de la passerelle, parasitant ainsi le projet pour plusieurs années. Un projet chiffré et voté à 2M€, en comptant l’acquisition du bâtiment et les travaux. Les habitants du bassin d’agglomération n’auront bientôt plus aucune excuse pour ne pas faire le tri.
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