Alors que le marché de la friperie fonctionne beaucoup grâce à l'export, la concurrence chinoise vient bousculer la France, pourtant bonne élève en la matière.
Certaines bornes de collectes de vêtements ferment face à la concurrence asiatique. (©actu.fr)
Par Rédaction Actu Publié le 26 déc. 2024 à 5h52
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La France, bonne élève aux niveaux européen et mondial en matière de valorisation des déchets textiles, voit sa filière menacée par l’Asie depuis l’été 2024, un phénomène dont les premiers symptômes sont la fermeture des bornes de collecte gérées par les associations.
Au 1ᵉʳ janvier 2025, les pays européens devront opérer une collecte séparée de leurs textiles, comme pour le verre ou le papier, ce que fait déjà la France depuis plusieurs années.
Sur le territoire national, plus de 47.000 containers et bornes relais permettent de collecter 34% des déchets textiles, indique Refashion, l’éco-organisme chargé par le gouvernement d’accompagner l’industrie de la mode vers une économie plus circulaire.
Mais « sur certains territoires, des acteurs de la collecte des TLC (textiles, linge de maison et chaussures, NDLR) ont arrêté tout ou partie de leurs collectes et retiré des points d’apport volontaire », avertit Le Relais, qui affirme néanmoins qu’il continuera, pour sa part, à collecter dans des bornes.
Une concurrence sur le marché de la fripe
Des fermetures liées à un « ralentissement important du marché mondial de la friperie » depuis juin 2024, analyse cet acteur majeur de l’économie sociale et ssolidaire qui assure 50% de la collecte française grâce notamment à ses bornes relais.
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Chaque année, environ 270.000 tonnes de déchets textiles sont collectées en France et « 60% des produits triés » sont revendus en fripe – dont 90% à l’étranger, selon le rapport 2023 de Refashion.
Ce marché de la friperie exportée permet aux acteurs de l’économie sociale et solidaire de se financer en partie.
Mais désormais, « les acheteurs africains se détournent pour aller acheter des fripes , voiredu neuf en Chine« , ce qui coûte beaucoup moins cher à ces grossistes que de s’offrir de la seconde main européenne, explicite Sandra Baldini de Refashion.
Revirement « brutal »
En Europe, « ce modèle basé sur la friperie est en train de se tarir », un « retournement brutal du marché », estime l’experte. Mais qui pourrait être une bonne nouvelle d’un point de vue environnemental.
Car ces amas de déchets textiles exportés notamment en Afrique représentent une catastrophe écologique et sociale : une partie substantielle de ces déchets, finalement non écoulée en friperie sur le marché africain, finit dans des décharges informelles à ciel ouvert ou dans des cours d’eau.
Les acteurs interrogés par l’AFP plaident pour un maintien et une valorisation de ces vêtements usagés sur le territoire, comme l’Union des Industries Textiles (UIT). Or, le recyclage dit « de fil à fil », c’est-à-dire d’un vêtement en un autre vêtement, reste embryonnaire.
Car « même si la recherche avance », le fait de recycler des matières multiples (par exemple, du coton avec du polyester) n’a toujours pas passé l’étape industrielle et « on a rarement des vêtements 100% coton », regrette Sophie Frachon, responsable du développement durable à l’UIT.
« Ce n’est pas parce qu’il y a des difficultés qu’il faut arrêter »
En attendant que la filière de recyclage se structure, « on va devoir passer par une phase de revalorisation énergétique », c’est-à-dire de transformation du textile en combustible, anticipe Sandra Baldini.
L’urgence avec ce changement structurel de la filière, selon elle, est « d’accompagner les acteurs de l’économie sociale et solidaire » à changer de modèle et à ne pas dépérir.
Mais Sandra Baldini insiste : « Ce n’est pas parce qu’il y a des difficultés qu’il faut arrêter » d’apporter ses vêtements en points de collecte, la pire des solutions étant de jeter dans le tout-venant.
En effet, rappelle-t-elle, « 100% des textiles jetés (dans les poubelles simples, NDLR) est incinéré tandis que seuls 0,5% de ce qui est collecté (en bornes, NDLR) est incinéré. »
Source : AFP.
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