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Marchés financiers

L'astuce de trois traders du dimanche épinglée par le gendarme de la bourse
Le Collège de l'AMF a requis des sanctions exemplaires et dissuasives contre trois investisseurs privés. Il les accuse d'avoir manipulé des cours, sur des plateformes étrangères, hors des horaires habituels des marchés réglementés. Récit.

Paris
Marchés financiers
Les affaires de manipulation des marchés sont de plus en plus nombreuses devant la commission des sanctions de l'AMF.
Les affaires de manipulation des marchés sont de plus en plus nombreuses devant la commission des sanctions de l'AMF. (Lafargue Raphael/Abaca)
Par Laurence Boisseau

Publié le 28 nov. 2024 à 17:54
Olivier B. a dû se sentir bien seul jeudi matin devant le juge de l'AMF. Ses amis, ou acolytes, n'ont pas répondu présents à la convocation du gendarme boursier. Pourtant ils risquent gros. La représentante du Collège (équivalent du Procureur) a réclamé un total de 580.000 euros de sanctions contre ces trois investisseurs privés accusés d'avoir manipulé les marchés.

L'accusé principal, Frédéric M., sans emploi et de nationalité française, pourrait avoir à payer 500.000 euros d'amende. Sa compagne, d'origine polonaise, Adriana M., 50.000 euros. Contre Olivier B., le gendarme boursier a requis seulement 30.000 euros.

L'affaire porte sur 250 transactions réalisées pendant trois ans sur 39 titres cotés sur Euronext Paris. Les échanges ont eu lieu sur des plateformes (essentiellement allemandes) fonctionnant en dehors des heures habituelles de négociation sur les principales Bourses. Les mis en cause auraient réalisé des « manipulations interproduits », en intervenant à la fois sur des actions et des warrants. Un warrant est un instrument financier dérivé qui permet de se positionner sur la hausse ou la baisse d'un actif sous-jacent avec un fort effet de levier. Il présente une particularité : sa valeur dépend du prix de son sous-jacent (ici, une action)

Mode opératoire
Le mode opératoire était le suivant. Frédéric M. passait des ordres d'achat sur une action. Dans les secondes ou minutes qui suivaient, ses deux « compères » (selon les mots employés par l'AMF) ou lui-même achetaient des warrants. Les ordres d'achats sur l'action faisaient mécaniquement grimper le prix des warrants. Sur ces plateformes hors séance, les volumes étant faibles, la moindre transaction pouvait avoir un fort impact.

Frédéric M. annulait, par la suite, quasiment systématiquement, ses premiers ordres d'achats. Ses compères vendaient alors les warrants à un cours plus élevé que leur prix d'achat et empochaient une plus-value. « Plus de 98 % des actions achetées ont été vendues dans les minutes suivant l'ordre d'achat. Cela prouve qu'il s'agissait d'un leurre destiné à faire grimper les prix », a déclaré la représentante du Collège de l'AMF.

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Frédéric M. aurait gagné 485.000 euros pendant trois ans grâce à ce stratagème. Sa compagne, 14.000 euros, et son ami, un peu plus de 10.000 euros. Le Collège de l'AMF a insisté sur la synchronisation des opérations sur les mêmes plateformes qui ont permis de fixer le cours des instruments financiers à un niveau anormal et donné des informations fausses et trompeuses sur l'offre et la demande. Cela a nui à l'intégrité des marchés financiers.

Olivier B., qui intervient sur les marchés depuis près de vingt ans et qui travaille par ailleurs comme responsable de la conformité dans une région pour une grande banque française, a plaidé l'ignorance. Il « ne savait pas que la variation des cours qu'il observait était liée aux achats de son ami ». Il pensait profiter de biais de marché, entre les actions et les warrants qui y sont attachés. Depuis, il a détruit ses serveurs. Il regrette que l'AMF ne l'ait pas prévenu qu'en agissant ainsi, il brûlait un feu rouge. Il explique qu'il aurait mis fin à ses agissements s'il avait réalisé qu'il ne respectait pas les règles.

La décision de la Commission des sanctions est attendue pour le mois de janvier.

Laurence Boisseau

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