26/12/2025/H04:17:30
C’est la fin d’un travail long et fastidieux. Après près de 4 ans, plus de 50 réunions publiques et 50 000 propositions, la révision du plan local d’urbanisme (PLU) de Paris a été adoptée par les élus de la capitale. Ce nouveau document, qui régit notamment les règles de la construction, aura de nombreuses conséquences aussi bien sur le logement social, que sur les locations Airbnb.
Encore plus de logements sociaux
Alors que la loi SRU impose aux grandes villes de respecter un quota de logements sociaux de 25 %, Paris est tout proche de remplir cet objectif. Mais la mairie vise encore plus loin. Le nouveau PLU, appelé « bioclimatique », doit permettre à la villeplugin-autotooltip__blue plugin-autotooltip_bigWikikPedia
WikikPedia d’atteindre son propre objectif de 40 % de logements publics, dont 30 % de logements sociaux, d’ici à 2035.
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Pour ce faire, le nouveau plan entend rééquilibrer les disparités entre l’ouest et l’est parisien. En effet, alors que dans l’est de la capitale, le XIXe arrondissement comptait 45,2 % de logements sociaux en 2023, le VIIe arrondissement, à l’ouest, n’en comptait que 2,3 %. Pour les quartiers les moins dotés, appelés « zone en hyperdéficit », toute nouvelle construction de plus de 500 m2 devra désormais prévoir jusqu’à 50 % de logements sociaux.
Une nouvelle mesure qui fait bondir la droite parisienne, qui accuse ces règles de freiner « le développement immobilier » et de contribuer à la « raréfaction de l’offre privée », selon un communiqué du groupe Changer Paris. Pour prendre le contre-pied de la majorité municipale, le groupe de Rachida Dati proposait la création de « zone de déficit en logement privé », pour les arrondissements qui dépassent 40 % de logements sociaux. Un amendement largement rejeté par les alliés de la maire PS.
Des nouvelles règles de construction
Fini les buildings à Paris. Alors que le chantier de la Tour Triangle se poursuit malgré les polémiques, la hauteur maximum des constructions passe de 180 mètres à 37 mètres. Un retour à la limite qui existait à Paris depuis 1977, mais avait été supprimée en 2010. Néanmoins, le PLU prévoit d’encourager la surélévation des bâtiments déjà existants, avec l’objectif de créer 1 000 nouveaux logements par an.
Aussi, tout projet de construction de plus de 5.000 m2 devra contenir au moins 10 % de logements. Autrement dit, la Ville veut en finir avec les immeubles composés uniquement de bureaux. « Il y a une interdiction pure et simple de faire des bureaux dans l’ouest et le centre », se félicite Émile Meunier, élu écologiste du XVIIIe arrondissement. « La municipalité actuelle veut continuer à densifier Paris avec du logement social, alors qu’on est déjà une des villes les plus denses au monde », grince Jean-Pierre Lecoq, maire LR du VIe arrondissement.
Autre victoire pour les Verts, le périphérique va aussi avoir le droit à de nouvelles règles. D’après le nouveau PLU, il sera désormais quasi impossible de construire dans une zone de 25 mètres autour de l’axe routier. La droite proposait d’étendre cette interdiction à 150 mètres, histoire de réveiller les fractures entre les alliés écologistes et communistes d’Anne Hidalgo : un amendement rejeté là encore.
Près de 900 immeubles « pastillés »
Pour accélérer la construction de logements sociaux, la Mairie de Paris a développé un autre outil : des « pastilles » ont été apposées sur près de 900 immeubles de la capitale, dans son nouveau PLU. Soit plus du double que le nombre de parcelles « pastillées » depuis 2006. En cas de travaux importants sur ces bâtiments, le promoteur sera obligé de réserver une partie de leur immeuble à des logements.
Une mesure qui ne passe pas pour de nombreux professionnels, alors que 300 « pastilles » d’immeubles de bureaux ont déjà été contestées. La mesure est accusée de faire perdre massivement de la valeur à ces biens immobiliers – au moins 30 % - et d’effrayer les investisseurs étrangers.
Des nouveaux freins pour les Airbnb
Avec l’adoption définitive de la loi le Meur, dite « loi anti-Airbnb », la Ville de Paris a gagné une bataille dans sa guerre contre les meublés de tourisme, mais avec ce nouveau PLU, elle va encore plus loin. En effet, le PLU interdit désormais la création de nouveaux meublés touristiques dans une grande partie de son territoire. Ainsi, du Ier au XIe arrondissement, ainsi que dans le secteur de Montmartre (XVIIIe arrondissement), la transformation de locaux d’habitation, commerciaux, ou encore d’entrepôts en « meublé touristique » est maintenant strictement interdite.
Aussi, la Ville va présenter un plan de lutte anti-Airbnb à la fin du mois de novembre, sans attendre l’entrée en vigueur du nouveau PLU, prévu pour le début de l’année 2025.
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