25/12/2025/H21:21:55
Niveau en lecture, mathématiques ou sciences plus faible. Probabilité d'avoir redoublé plus élevée. D'être harcelé également. Mieux vaut être né en janvier qu'en décembre pour réussir à l'école.
Les effets du mois de naissance lors de la première rentrée des classes sur la réussite scolaire à 15 ans ont souvent été mis en évidence au détriment des plus jeunes. En France comme dans nombre d'autres pays. Compilant les trois dernières enquêtes Pisa , une étude de l'Insee publiée ce lundi le confirme, mais va plus loin : le biais négatif se propage aux compétences sociales ou émotionnelles très valorisées sur le marché du travail.
L'origine du problème vient du fait que les enfants n'entrent pas tous à l'école ni au même âge, ni avec le même degré de maturité, rappelle l'auteure de l'étude, Pauline Givord. En France, la rentrée scolaire en CP est la même pour tous ceux nés une même année civile, celle des six ans en principe. Un élève né en janvier a donc presque un an de plus qu'un camarade né en décembre. Attendus dans les premières années de scolarité, les écarts de maturité ne se résorbent pas toujours au fil du temps.
Moindre performance
Même si des assouplissements sont possibles d'un pays à l'autre, le constat est sans appel : en moyenne (abstraction faite, donc, de la diversité des cas individuels), être plus âgé à l'entrée à l'école augmente « significativement » les performances dans les matières scolaires mesurées, montrent les tests Pisa dans une quinzaine de pays.
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Précisément, un an de plus augmente la performance de 20,6 points en lecture (18,4 points en France), 18,2 points en mathématiques (13,8), ou de 18,4 points en sciences (16,9). « Ces variations restent néanmoins bien plus réduites que les inégalités de performance liées à l'origine sociale », souligne l'Insee. Elles sont aussi très variables d'un pays à l'autre : +29 points en Italie contre +9 points aux Pays-Bas pour ce qui est des mathématiques. « A titre de comparaison, ces écarts sont du même ordre que la progression constatée lors d'une année d'études, telle qu'estimée dans les pays sur lesquels cette évaluation est possible », indique l'Insee.
Ces écarts de performance se reflètent dans les parcours scolaires, les plus jeunes à l'entrée à l'école déclarant nettement plus souvent avoir redoublé dans les pays ou cette pratique est importante. Etre plus âgé d'un an réduit de plus de 10 points la probabilité de repiquer à l'école élémentaire, bien moins dans le secondaire, maturité aidant. Les plus jeunes déclarent également plus souvent avoir été traités injustement par leurs enseignants et présentent un risque plus élevé d'être harcelés.
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Résistance au stress, persévérance, assertivité ou encore auto-efficacité : la dernière mouture de l'enquête Pisa, de 2022, va au-delà des constats scolaires pour mesurer un large spectre de compétences sociales ou émotionnelles. Autant de traits de caractère « considérés en partie prédictifs de la réussite future ». Le résultat va dans le même sens : en moyenne sur les 16 pays de l'échantillon, ces compétences sont plus élevées pour les plus âgés. Tout cela va sans doute de pair avec une envie plus importante à 15 ans de suivre des études supérieures.
Manque d'études
« La persistance des effets de l'âge à l'entrée à l'école n'est cependant pas une fatalité, comme l'illustrent les écarts entre les systèmes scolaires, voire au cours du temps au sein de mêmes systèmes scolaires », pointe Pauline Givord, même si les données manquent pour l'expliquer. Des pratiques locales amplifient ou réduisent la persistance des différences de maturité initiales, comme la durée de la journée scolaire.
Les études Pisa, enfin, mettent un coup de projecteur sur les compétences des jeunes à quinze ans, qu'il faudrait compléter par d'autres études au-delà.
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