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Présidentielle américaine 2024 : pourquoi Kamala Harris et Donald Trump veulent supprimer les taxes sur les pourboires

Rares sont les points de convergence entre les deux principaux candidats à la présidentielle aux Etats-Unis, Kamala Harris et Donald Trump. A quelques mois de l'élection, les deux prétendants à la Maison-Blanche mettent plutôt en avant leurs différences dans les spots qui inondent les télévisions américaines. Mais il y a un sujet qui les rassemble : la défiscalisation des pourboires.
La candidate démocrate s'est ralliée à l'idée défendue par Donald Trump. Elle en a fait une promesse lors de son récent meeting à Las Vegas, en y associant une revalorisation du salaire minimum. Un choix stratégique : dans cet état clé, l'un des rares à être réellement disputé par les deux campagnes, le vote des serveurs, des croupiers et des autres employés des hôtels, restaurants et casinos qui tirent une part importante de leur rémunération des pourboires versés par les clients pourrait faire la différence en novembre.
Enjeu électoral
En 2020, Joe Biden avait remporté le Nevada avec une avance de moins de 40.000 votes. Autant dire que les voix des 350.000 travailleurs du secteur de la restauration et de l'hôtellerie de cet Etat sont particulièrement courtisées. La menace était donc claire pour les démocrates alors que Donald Trump s'est prononcé dès juin en faveur d'une exonération des pourboires de l'impôt sur le revenu. Plusieurs élus démocrates, dont les deux sénatrices du Nevada, avaient d'ailleurs apporté leur soutien à cette mesure ces dernières semaines, tout comme le principal syndicat du secteur.
Si l'intérêt électoraliste de cette mesure est évident, les économistes se sont montrés en revanche bien plus critiques. Seuls 2,5 % des travailleurs américains, soit environ 4 millions de personnes, sont rémunérés en partie en pourboires, rappelait fin juin Ernie Tedeschi, le directeur économique du Budget Lab de l'université de Yale et ancien chef économiste du Council of Economic Advisers de la Maison-Blanche. Et parmi ceux-ci, près de 40 % gagnent trop peu pour être imposables au titre de l'impôt fédéral sur le revenu. « Cela suggère que l'effet direct de la réforme sur les salariés serait limité », estimait-il alors dans une note de blog.
Le coût de cette réforme pour les finances publiques n'en serait pas moins important. Il est évalué entre 100 et 250 milliards de dollars sur dix ans en moyenne, selon les estimations du Comité pour un budget fédéral responsable (CRFB).
« Un slogan séduisant »
L'incertitude est importante et le risque de dérapage budgétaire élevé. « En pratique, l'exonération de l'impôt sur les pourboires pourrait conduire les travailleurs et les employeurs à reclasser des revenus ordinaires en pourboires lorsque cela est possible », explique le CRFB. Autrement dit, certains pourraient être tentés de jouer avec le système et de déclarer une partie de leur rémunération en pourboire. En cas d'abus massifs, la facture pourrait même atteindre les 500 milliards de dollars.
Le risque d'optimisation fiscale inquiète autant le Center for American Progress, un think tank plutôt progressiste, que la Tax Foundation, plus conservatrice. « Pas d'impôt sur les pourboires » (No taxes on tips) est certes « un slogan séduisant pour une campagne », écrivait fin juillet Alex Muresianu de la Tax Foundation, mais ça n'en fait pas une mesure bienvenue pour autant. Il s'inquiétait alors de voir la culture du pourboire, déjà très répandue aux Etats-Unis, s'étendre à encore plus de professions.
https://www.lesechos.fr/monde/etats-unis/presidentielle-americaine-2024-pourquoi-kamala-harris-et-donald-trump-veulent-supprimer-les-taxes-sur-les-pourboires-2113943