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Pourquoi des centaines de randonneurs sont-ils frappés par une épidémie de gastro-entérite sur le GR20 ? NOROVIRUS

Les tuiles intestinales s’enchaînent. Il y a débord eu les cas d’intoxication de randonneurs ayant consommé de l’eau vraisemblablement contaminée à la bactérie Shigella. Et depuis le début du mois de juillet, ils sont des centaines à être touchés par une épidémie de gastro-entérite sur les sentiers du fameux GR20 en Corse. Ce mardi soir encore, un groupe de 16 randonneurs italiens a dû être évacué par les pompiers.
Comment expliquer ce phénomène ? Une mauvaise hygiène en serait-elle la cause ? Comment s’en prémunir, et comment réagir si l’on est touché ? 20 Minutes vous explique.
Le norovirus en cause
Les randonneurs italiens ne sont pas les seuls à avoir développé les symptômes d’une gastro-entérite. Face à l’ampleur du phénomène, l’Agence Régionale de Santé (ARS) de Corse a mené l’enquête, et livré ses premiers résultats dans un communiqué publié le 26 juillet. Elle rapporte ainsi qu'« entre le 1er et 15 juillet, au moins 236 malades ont été recensés », et « estime que l’épidémie a probablement débuté fin juin, avec un pic observé le 12 juillet passé ». Heureusement, « aucun cas grave » n’a été recensé et seules « sept hospitalisations de courte durée ont été observées », rassure l’ARS.
Et selon ses investigations, « l’épidémie semble être causée par un virus, probablement un norovirus ». Les norovirus sont « les principales causes de gastro-entérites aiguës chez l’homme, indique l’Anses, et se caractérise par l’apparition brutale de vomissements, de nausées et/ou de diarrhée, parfois associés à des crampes abdominales, malaise, anorexie, fièvre, frissons, courbatures et maux de tête ».
Un virus très résistant et contagieux
Problème : « le norovirus, dont l’homme est le seul réservoir, est très résistant : il survit à la réfrigération, à la congélation, et à des températures jusqu’à 60 degrés, explique le Dr Martine Cotinat, gastro-entérologue et autrice de Je soigne presque tout avec le régime méditerranéen – Les piliers de la santé (éd. Thierry Souccar). Il est tellement résistant qu’il se transmet très facilement. Et ce d’autant plus qu’on est déjà contagieux en période d’incubation, avant même d’avoir les symptômes de la maladie, mais aussi pendant et après. Une personne malade peut ainsi transmettre le virus sur une période allongée : l’excrétion de virus dans les selles est si élevée qu’elle peut persister deux à trois semaines après la disparition des symptômes, ce qui est très problématique du point de vue de la contagiosité ».
Mais comment expliquer que des centaines de randonneurs du GR20 l’aient contracté et aient eu besoin d’être évacués ? Un manque d’hygiène serait-il en cause ? « Cela peut jouer, mais il ne faut pas oublier que l’on peut être porteur du norovirus et être asymptomatique, et transmettre massivement la gastro-entérite sans même le savoir. Forcément, en collectivité, avec des repas et des sanitaires communs et partagés dans les refuges et autres lieux de vie fréquentés par les randonneurs du GR20, tous les ingrédients sont réunis pour une large diffusion du virus. Et certaines personnes, pour des raisons génétiques ou immunitaires, sont plus sensibles que d’autres aux norovirus ».
Dans ces conditions particulières, sur les sentiers de ce GR réputé pour être le plus difficile de France, l’aventure sportive peut vite virer au cauchemar. « Dans cette épreuve assez physique, les randonneurs peuvent déjà être insuffisamment hydratés en raison de l’effort et de la chaleur, mais s’ils sont pris de diarrhées et douleurs abdominales en pleine randonnée, c’est particulièrement incommodant », relève le Dr Cotinat.
Savoir réagir
Dans ce contexte de forte circulation virale, il est important de savoir réagir et se prémunir face à ce virus qui se transmet par voie oro-fécale, c’est-à-dire par contact avec des selles contaminées. Et « en pratique, une personne infectée excrète du virus dans ses selles, rappelle le Dr Cotinat. Si elle a une hygiène des mains défaillante, tout ce qu’elle touche (aliments, plans de travail, toilettes, poignées de portes, robinets et autres surfaces) va être contaminé. D’où l’importance de mettre en place des mesures d’hygiène pour ne pas transmettre le virus : cela passe par le lavage des mains et des surfaces. Mais aussi le non-partage d’effets personnels tels que serviettes, couverts ou encore brosse à dents. Il faut également éviter que la personne infectée ne fasse la cuisine en collectivité ».
Et si on est malade, comment réagir ? « Les personnes âgées, malades ou celles suivant un régime sans sel doivent consulter. Sinon, en premier lieu, il faut se réhydrater, prescrit la gastro-entérologue. Et l’eau ne suffit pas : il faut également des apports en sel et en sucre, le sucre favorisant une meilleure absorption du sel. Il existe des solutés de réhydratation pour les personnes les plus sensibles, disponibles en pharmacie. On peut aussi faire sa propre solution de réhydratation maison. La recette est simple ». Il suffit de mélanger « 1 litre d’eau, 6 cuillères à café de sucre et 1 cuillère à café de sel, confirme le ministère des Sports. La solution se conserve 12 heures à température ambiante et 24 heures au réfrigérateur ».
Ensuite, « il faut mettre l’intestin au repos pendant au moins un jour ou deux, poursuit-elle. Les premiers jours, on n’a généralement pas d’appétit, mais si on souhaite manger un peu, mieux vaut privilégier les aliments qui ne stimulent pas trop l’intestin, comme le riz blanc, le poulet ou le poisson, et éviter les fruits et légumes riches en fibres, ainsi que les produits laitiers, qui risquent d’augmenter diarrhée et douleurs intestinales ».
Et pour mieux résister à la gastro ou pour s’en remettre plus facilement, « le microbiote joue aussi un rôle, indique le Dr Cotinat. Contracter la gastro-entérite peut déséquilibrer le microbiote, et inversement, un microbiote moins fort peut exposer à une gastro plus sévère. On peut donc suivre une cure de probiotiques, aussi bien à titre préventif, par exemple avant de partir en vacances, qu’après avoir contracté une gastro : des études montrent que cela permettrait de réduire les symptômes et aiderait le microbiote à se rééquilibrer ».
https://www.20minutes.fr/sante/4104107-20240801-corse-pourquoi-centaines-randonneurs-frappes-epidemie-gastro-enterite-gr20