20/05/2024


Attaque de l’Iran contre Israël : C’est quoi ces « proxys Attaque de l’Iran contre Israël :

C’est quoi ces « proxys C’est un terme que l’on voit fleurir dans la bouche de nombreux spécialistes du Moyen Orient depuis l’attaque de l’Iran en direction d’Israël. Trois jours après l’envoi de 200 drones et missiles sur le territoire hébreu, les observateurs évoquent le rôle pas toujours clair des « proxys » de l’Iran. Derrière ce terme se cache en fait une multitude d’alliés que la république islamiste utilise pour mener des attaques contre ses ennemis. Avec une volonté commune de faire mal à Israël et à ses soutiens américains, ces milices armées venues du Liban, d’Irak, de Syrie ou du Yémen servent de bras armé à l’Iran. Mais pourquoi et dans quel intérêt ? 20 Minutes fait le point sur le rôle de ces « proxys », qui pourraient contribuer, ou pas, à l’escalade tellement redoutée au Moyen Orient. C’est quoi un « proxy » et à quoi ça sert ? Dans la nuit de vendredi à samedi, plus de 200 drones et missiles ont convergé vers Israël. Les dégâts causés par cette attaque sont limités, notamment parce que l’État hébreu affirme avoir détruit 99 % des engins, montrant au passage l’efficacité de son bouclier aérien. Pour l’Iran, l’objectif n’était évidemment pas de faire trop de dégâts, avec la crainte de déclencher une guerre frontale avec Israël. Non, l’important n’était pas là. En ciblant son voisin, la république islamiste voulait d’abord répondre à une attaque perpétrée par son ennemi sur son consulat à Damas (Syrie) le 1er avril. Des frappes attribuées à l’armée israélienne qui visaient clairement à déstabiliser « l’axe de la résistance » dans lequel sont alliés plusieurs groupes armés de confession chiite comme le Hezbollah libanais mais aussi sunnite comme le Hamas syrien. Parmi ces alliés de « l’axe de la résistance », l’Iran compte plusieurs « proxys ». Ces milices armées lui viennent en soutien, répondant à ses ordres. Mais dans quel intérêt ? « Parce que l’Iran les finance et leur fournit des armes. Une bonne partie de l’argent des exportations de pétrole sert à financer ces groupes de soutien », détaille Azadeh Kian, sociologue franco-iranienne, professeure à l’université de Paris. Selon cette spécialiste, si l’Iran a tant d’alliés officieux, c’est avant tout pour compenser son isolement diplomatique. Contrairement à ses pays voisins, il n’a presque pas de soutien parmi les chefs d’États du monde. « Un proxy est communément reconnu comme un agent agissant, en l’échange d’un appui, notamment matériel, pour le compte d’un acteur principalement extérieur à un conflit », écrit Arthur Stein, analyste à l’Institut des hautes études de défense nationale. Dans ce pays qui regroupe à lui seul 40 % de la population chiite du monde, on a donc appris à se rapprocher de milices armées pour peser. « Les régimes des autres pays arabes sont très soucieux de ne pas attaquer l’Iran, car ils peuvent craindre des représailles sur leur territoire, de la part de groupes organisés capables de les déstabiliser ». Dans un long travail intitulé « L’Iran et les proxys au Moyen Orient », deux chercheurs de l’Institut français des relations internationales évoquent la « capacité de nuisance » de ces groupes armés difficilement contrôlables. Qui sont ces proxys amis et alliés de l’Iran ? Il est assez difficile de dresser une liste exhaustive des proxys du régime iranien même si plusieurs noms se dégagent. « Un réseau complexe de groupes armés », selon l’analyse d’Arthur Stein. Parmi les soutiens indéfectibles, on peut citer le Hezbollah libanais, le premier à avoir félicité son allié de cette attaque. « C’est l’Iran qui a participé à sa création après la révolution islamique de 1979 », rappelle Azadeh Kian. Petit à petit, le parti politique s’est délesté de ses dirigeants les plus modérés pour des éléments plus radicaux, bien décidés à mener la guerre à Israël. Le Hezbollah est considéré par beaucoup comme organisation terroriste mais pas par l’Iran, qui réfute cette appellation. Mais pour la sociologue franco-iranienne, c’est plutôt sa branche irakienne qui doit être considérée comme véritable « proxy ». « Les Kataeb Hezbollah sont les plus fidèles. On l’a vu quand ils ont attaqué une base américaine (qui a fait trois morts en janvier, près de la frontière entre la Jordanie et la Syrie). Les autres ne sont pas à l’ordre de l’Iran du matin au soir. Ils ont leur propre agenda ». Et sont plus libres. Parmi les autres proxys de l’Iran, on peut également citer les Houthis du Yémen, à qui le régime de Téhéran fournit régulièrement des drones et des armes, en échange de sa « loyauté ». Dans cette liste, on peut ajouter des factions armées chiites irakiennes. Et parfois même, le Hamas et le Djihad islamique palestinien. Des groupes armés inféodés qui font trembler la terre entière. « La stratégie iranienne de soutien à des groupes armés à travers la région est depuis longtemps perçue par les adversaires de la république islamique comme un cas flagrant du soutien au terrorisme international », assurent Morgan Paglia et Vincent Tourret dans leurs travaux de recherches. Pourquoi font-ils craindre un embrasement ? Dans un contexte ultra-tendu en raison des affrontements entre Israël et le Hamas, l’attitude des proxys est scrutée de près. D’abord parce qu’ils sont inféodés et donc mariés à aucun accord. Mais surtout parce qu’ils peuvent offrir à l’Iran de multiples possibilités d’attaquer tout en disant « ce n’est pas moi ». Dans leur étude publiée en 2020, les chercheurs de l’Institut français des relations internationales estiment que l’Iran mène « une stratégie indirecte et subversive lui permettant de mener des actions offensives tout en bénéficiant d’un déni plausible de ses responsabilités, et évitant ainsi une périlleuse escalade ».Plus d'infos sur le conflit Iran-Israël Face au risque d’embrasement, le régime de Téhéran pourrait être tenté de faire de plus en plus appel à ses bras armés pour faire « le sale boulot » à sa place. Une attitude qui dépendra sans doute de la réponse d’Israël à cette attaque peu destructrice mais qui constitue une première car menée directement par l’Iran. « C’est ce qui m’inquiète, surtout quand on connaît les moyens militaires israéliens, craint Azadeh Kian. Jusqu’ici, les pays se faisaient la guerre par groupes interposés. Là, c’est devenu frontal, direct. Les conséquences pourraient être dévastatrices. » https://www.20minutes.fr/monde/israel/4086600-20240415-attaque-iran-contre-israel-quoi-proxys-utilises-comme-bras-armes-regime-iranien