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Lucie Castets :Grand âge : « Il faut mettre l’héritage au service d’une politique publique ambitieuse »

Grand âge : « Il faut mettre l’héritage au service d’une politique publique ambitieuse » ✍Highlight–2024:07:23:20:10:27

Grand âge : « Il faut mettre l’héritage au service d’une politique publique ambitieuse »

Face à l’augmentation drastique du nombre de personnes dépendantes et des besoins de financement afférents, une solution solidaire et équitable consisterait à créer un prélèvement additionnel sur les plus gros patrimoines, proposent la professeure Lucie Castets et l’adjoint à la maire de Paris Antoine Guillou dans une tribune au « Monde ».

Publié le 21 août 2023 à 06h00 Temps de Lecture 3 min.

Le gouvernement a annoncé en juillet le report sine die de la proposition de loi sur le « bien-vieillir » portée par les députés de la majorité présidentielle, et aux ambitions pourtant modestes. La nécessité de préparer nos services publics et la société tout entière au vieillissement de la population, en particulier aux risques liés à la dépendance, est pourtant plus criante que jamais.

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Selon le rapport remis au gouvernement en 2019 par le président du Haut Conseil du financement de la protection sociale, Dominique Libault, le nombre de personnes âgées dépendantes en France pourrait passer de 1,265 million en 2015 à 2,2 millions en 2050, et le besoin de financement supplémentaire d’ici à 2030 s’élèverait à 9,2 milliards d’euros par an.

Les besoins de financement du système de santé, de soin et d’accompagnement au sens large sont donc immenses. Il s’agit non seulement de prendre soin de plus de personnes, mais aussi des plus dépendantes, comme l’a cruellement mis en évidence le scandale des maisons de retraite Orpea.

Outre le besoin de financement global à l’échelle du pays, les inégalités d’accès au « bien-vieillir » sont aujourd’hui flagrantes. Les écarts entre territoires en matière de moyens et de capacités de planification sont majeurs. Si certaines familles peuvent avoir accès – sous réserve de disponibilité et en fonction de leurs revenus – à des Ehpad publics par le biais des départements, de nombreuses autres se retrouvent en grande difficulté lorsqu’elles sont confrontées à la dépendance, compte tenu du nombre limité de places et du reste à charge très élevé des établissements. L’accès à des solutions d’hébergement et d’accompagnement dépend alors directement du patrimoine dont disposent la personne concernée ou ses proches.

Entre les générations

Le vieillissement et l’accroissement de la dépendance viennent ainsi jeter une lumière nouvelle sur les inégalités dans notre pays. Comment assurer un accompagnement digne à celles et ceux dont le patrimoine est insuffisant sans faire peser une charge disproportionnée sur les familles ? Autrement dit, comment assurer l’équité du financement de la politique du grand âge, à la fois entre les générations et au sein de chacune d’entre elles ?

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Il n’est pas anormal de considérer que, à l’approche de la fin de leur vie, les besoins de soins et d’accompagnement des personnes âgées puissent être financés par la cession d’une partie du patrimoine qu’elles ont accumulé. De ce point de vue, le principe d’équité entre les générations serait plutôt respecté, a fortiori si l’on prend en compte le fait que celles nées dans les décennies 1940 à 1960 ont plutôt bénéficié d’une situation économique favorable par rapport aux personnes qui intègrent aujourd’hui le marché du travail.